Oui, je le veux.

Le 21ème siècle, le temps des libertés nouvelles et de l'égalité, la vraie. Fini les penchants conservateurs dans les politiques contemporaines. Nous avons même eu droit à des promesses allant du mariage gay à l'adoption pour les couples homosexuels. Cependant, au moment d'agir en faveur de la LGBT, la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes disparaît et des voix se font entendre en défaveur du mariage pour tous et de l'homoparentalité. La fin du conservatisme, disions-nous.

En 1999 le pacs était mis en place, sorte de compromis entre une minorité homo en quête de droits et une population réticente à les lui céder. En 2010, dix ans après sa mise en vigueur, l'INSEE constate que seul 4.5% des pacs sont signés par des personnes de même sexe. Doit-on vraiment s'étonner ? Le pacs n'accorde qu'un maigre échantillon, en termes de droits, de ce qu'offre le mariage. D'autant que, contrairement à ce dernier, la signature ne fait pas à la mairie mais... Au tribunal. Quel romantisme.

C'est dans le but de faire face à la demande d'égalité que, lors de sa campagne, François Hollande s'imposait comme une figure héroïque sauvant la LGBT de son enchainement légal. Il disait autoriser le mariage, la PMA et l'adoption – même pour les couples non mariés. Bien qu'il parût étrange d'autoriser la PMA sans autoriser la gestation pour autrui (GPA) en raison de l'inégalité homme-femme ainsi créée, il n'était pas pour autant demandé au président de la retirer de la liste des prérogatives. Au final, la mesure est minimaliste, restreignant aussi, par la même occasion, l'adoption aux couples mariés. Une mesure qui va passer la tête baissée, comme honteuse, alors qu'il faudrait être fier.

Nous retiendrons la parole d'Armand Jung, député socialiste – pourtant favorable aux droits gays –, à ce sujet : «je voudrais rappeler aux associations homosexuelles que le mariage c'est aussi la fidélité.» Effectivement. Il serait peut-être bien que vous le rappeliez aux personnes ayant déjà la possibilité de s'unir, non ? Le fait qu'en France plus de la moitié des mariages se terminent par un divorce est-il dû à la fidélité inconditionnelle des couples ? Ce n'est pas parce que l'hétérosexualité est plus répandue qu'elle est l'exemple d'un parfait modèle de société. D'ailleurs, personne n'a jamais demandé à quiconque de l'être. Depuis quand ces ô combien terribles péchés doivent être une barrière à l'égalité ? Est-ce cela, la France, le pays des droits de l'homme ? Un lieu de stagnation sociale sous prétexte de préjugés ? Oui, l'adultère est plus fréquente dans le milieu gay. Demandons-nous pourquoi. Ne pensez-vous pas que c'est parce que les relations entre individus du même sexe sont presque inexistantes aux yeux de la loi ? Aussi longtemps que le mariage pour tous ne sera pas en vigueur, les gens ne pouvant pas se lier à vie ne se sentiront pas engagés et seront plus emprunt à tromper.

Il peut également être évoqué ces gens,  que je ne citerai pas – ça leur ferait trop plaisir –, aux convictions douteuses. Certains mettront en parallèle l'homosexualité et la pédophilie/zoophilie. Pourquoi pas la nécrophilie, puisque nous sommes si bien partis ? D'autres affirmeront que «la loi n'a pas à légiférer au profit de lobbies organisés prétendants imposer leur comportement déviant en modèle social normatif.» Je ne pense pas qu'un quelconque commentaire soit nécessaire quant à cette déclaration.

Fort heureusement, il y a des personnes qui ont compris que la société change, à l'instar de Jean-Pierre Michel, député PS de Haute-Saône. Ce politique pense qu'«il est illégal, au seul motif que quelqu'un est homosexuel, de lui refuser l'adoption».  Patrick Devedjian soulève le fait qu'«un enfant sera plus heureux avec des parents gays qu'à l'assistance publique». Parmi ces partisans, on retrouve entre autres Roselyne Bachelot, Lionel Jospin ou encore François Bayrou.

Le réel problème aujourd'hui est la pensée collective. Il est dit que, pour "le bien de l'enfant", il lui faut des parents des deux sexes. En premier lieu parce qu'il lui faut un modèle masculin et féminin auquel l'enfant pourra se raccrocher. Quand nous apprenons que plus de 2 millions de familles françaises sont monoparentales, il est légitime de se demander où sont ces deux figures si nécessaires au développement de l'enfant. En second lieu parce qu'il ne faut pas que l'enfant subisse les railleries de ses camarades. Pour ne pas que qui que ce soit se moque de cet enfant hypothétique, il faudrait que l'homosexualité entre dans les moeurs. Et ce n'est pas avec toutes ces divergences d'opinion, qui accentuent une confusion grandissante, que la LGBT va entrer dans les normes sociales contemporaines.

Face à l'agitation populaire et la supputation fantaisiste, L'APA (Association des psychiatres américains) a conclu ses recherches, suite à de sérieuses études menées au cours des 30 dernières années. Ils «ont constamment démontré que les enfants élevés par des parents homosexuels présentent les mêmes caractéristiques émotionnelles, cognitives, sociales ou sexuelles que les enfants élevés par des parents hétérosexuels.»

Finalement, il est rassurant de constater l'ouverture d'esprit des nouvelles générations. La stigmatisation est de moins en moins vraie à échelle européenne, ainsi qu'en Australie et aux USA. Il suffit de se promener à Paris, Londres, Oslo, Chicago, Sydney et tellement d'autres villes pour constater que l'homosexualité s'est intégrée malgré tout. Pas toujours au point d'être considérée comme égale à l'hétérosexualité, mais les choses changent.

Quand on me demandera si je suis favorable aux droits homos, je serai fière de dire "oui, je les veux".